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Led Zeppelin III

Gallows Pole

Friends, le faux-ami acoustique de la première face, était au moins aussi tendu et "électrique", finalement, que des boules de nerfs teigneuses comme Immigrant Song ou Celebration Day. Ce Gallows Pole commence tout autrement, comme une chanson folk très bonne mais très convenue, jusqu'aux paroles un peu cliché, où Plant implore le "hangman" de lui laisser un peu de répit. Aux plus jeunes d'entre nous, je rappellerai que la pendaison n'était plus vraiment d'usage dans l'Angleterre de 1970 : comme le blues joué par le dirigeable, le folk zeppelinien sera donc fortement stylisé, jonglant plus ou moins habilement avec les clichés et les codes du genre, et produisant, paradoxalement, une musique assez distanciée mais qui ne vise rien d'autre que le plaisir immédiat de l'auditeur. Cette formule serait encore un peu trop simpliste pour le Zep, qui aime bien brouiller les pister et surtout, qui ne peut pas s'empêcher d'aller mélanger un peu toutes les potions de son labo, des fois que sorte de l'or au bout de l'alambic. Et rapidement, le folk sympatoche de ce titre se transmue effectivement, on aurait dû s'y attendre, en métal précieux, avec un riff acoustique sur deux accords qui est un genre de lointain cousin des champs, remarquablement robuste, de celui de Whole Lotta Love. Carrément! Il faut dire aussi que Led Zep fut l'un des premiers groupes, avant Ministry et quelques autres, bien plus tard, à nous avoir montré qu'un banjo pouvait faire plus de dégâts qu'une mitraillette soviétique. Sans parler de cette mandoline qui vient vous mordre les mollets de ses petites dents acérées. La batterie, elle, accompagne, ou plutôt entraîne les autres instruments dans le roulé-boulé qui suit, et le premier morceau de la face acoustique finit, comme de bien entendu, par un numéro de Page jouant bien au delà de la saturation sur sa guitare électrique qui se prend pour un violon dingue. Pour bien se rendre compte que la dynamique d'un groupe comme Led Zeppelin est au moins intacte, sinon magnifiée, lorsqu'il passe en acoustique, il faut aussi jeter une oreille aux versions totalement acoustiques de Gallows Pole jouées sur la tournée Unledded de Page et Plant. Le son très particulier de la guitare Ovation de Jimmy Page, au moment des accélérations, est bien plus violent, frénétique et proche du bruit blanc que bien des empilements de guitares noisy gorgées de fuzz. A partir de ce titre, en tout cas, c'est clair, tout peut arriver...

Tangerine

Déjà, il y a ce son, très ample, très aérien, de la guitare acoustique qui entame le titre en solo. Sur le couplet, au lieu de la mettre en sourdine pour laisser le beau rôle au beau Robert, très très à l'aise dans le registre champêtre, la piste instrumentale se dédouble, au moyen de quelques magnifiques notes de mandoline venues d'un autre âge. Vient alors se poser sur la chanson ce refrain moëlleux, que rien, pourtant, ne prédisposait à arriver là. Car avec sa pedal-steel (décidément, en 1970, Jimmy Page peut tout jouer) aux racines country, sa rythmique tranquille et ses harmonies vocales "californiennes", qui m'évoquent le Steve Miller Band, il pourrait sembler en contradiction avec les influences folk anglaises du couplet, et même en contradiction avec lui-même. Mais voilà, comme pour tous les meilleurs morceaux de Led Zeppelin, ce genre de considération ne vient même pas à l'esprit de celui qui les écoute. Bonham est à l'image du morceau, il a trouvé, sans même la chercher, la quadrature du cercle, frappe-t-il fort? Doucement? On ne sait pas vraiment, il joue ce qu'il faut jouer, c'est tout. Le folk zeppelinien, donc... Même s'il affectionne les instruments anachroniques et les paroles façon gentilhomme précieux, ce folk-là a les deux pieds dans le présent, le solo en slide, gras, sourd, plein d'écho, sur ce morceau, prouvant que les quatre hommes n'ont que faire des dogmes en vigueur et ne joueront que ce qui conviendra le mieux à leurs si belles chansons. La chanson finit sur une plage instrumentale relativement longue, en proportion du reste, et très recherchée, qui achève de nous charmer. Et le plaisir est encore plus grand quand on sait que le morceau qui suit est dans la même veine douce-amère...

Led Zeppelin

That's The Way

Bonham devait être en RTT ce jour-là, donc ce sont les trois autres, qui, sous leurs airs de dilettantes allongés dans la pelouse, pas loin du bord de l'eau, mettent une fois de plus les bouchées doubles. La chanson peut paraître un peu molle et monotone, mais dans ses creux et ses méandres, comme souvent, Jimmy Page n'a pas oublié de déposer de petits trésors pour les oreilles délicates. La mandoline, que l'on a connue la bave aux lèvres, sur Gallows Pole, est un peu en retrait, mais tout le monde est en retrait sur cette chanson! Elle ajoute ici et là quelques touches fleuries (attention, pas du parfum de synthèse, non, le parfum des vraies fleurs) à l'ensemble. Le balancement de la chanson n'est pas du tout métronomique, il est beaucoup plus juste que ça, il est simplement naturel, on pourrait dire aquatique. Le plus chouette, avec le chant très doux de Plant qui est tellement bon qu'il n'y a rien de plus à en dire, est le travail de Page à la pedal-steel guitar. On dit travail parce qu'on n'ose même pas imaginer que toutes ces idées démentes lui viennent autrement que dans la sueur, mais le résultat final produit la même impression, pour qui aime la nature, que la contemplation d'un chêne centenaire. Le son, surtout, de cette pedal-steel, qui déborde nonchalamment sur les plages fréquentielles des autres instruments, est fantastique, mais celui de la guitare acoustique est une énigme au moins aussi belle. Enorme travail de studio, on se rend bien compte que cette chanson n'a pas été enregistrée sur un dictaphone pendant un pique-nique au bord de l'eau, ça ferait un peu gadget d'ailleurs. Bien mieux que ça, cette chanson au cours si paisible EST une rivière, qui traverse fort joliment la face acoustique de l'album le plus champêtre du Zep.

Bron Y Aur Stomp

Les morceaux de la face 2 ont tous un point commun. Non, je ne parle pas seulement des arrangements ou de l'interprétation. Le vrai point commun, c'est qu'ils sont tous, dans leur diversité, éminemment sympathiques. C'est le cas de ce buffet campagnard particulièrement "convivial", comme on dit maintenant, et surtout joliment garni, avec quelques tranches de virtuosité, une bonne louche de bonne humeur et une grosse caisse dont certains esprits retors pourront qualifier le beat de proto-technoïde, oubliant qu'il s'agit là de la pulsation originelle du folk des hommes des cavernes. Autant les titres précédents faisaient preuve d'une délicate recherche dans la production, autant celui-ci se veut roots, avec un son live en bois massif. Les claquements de mains qui ponctuent la chanson accentuent évidemment cet effet, qui est plutôt réussi, notamment parce qu'il montre encore une facette différente du Zep. Il faut noter que la version originale, instrumentale et électrique, de ce titre, intitulée Jenning's Farm Blues, et jamais sortie officiellement, est encore plus prenante que cette sympatoche ruade dans les brancards. Le son y bénéficie de ces overdubs typiques qu'on aime tant, la guitare est vraiment incisive, enfin, bref, c'est mieux. Mais voilà, le Zep n'écrit pas des chansons, enfin, si, incidemment, il écrit des chansons, mais avant tout, il compose des albums. Et ce Bron Y Aur Stomp est vraiment à sa place sur le disque, plus que ne l'aurait été son bouillonnant ancêtre, le bon morceau au bon moment, finalement, on ne l'écoutera pas en boucle, mais on appréciera toujours de retrouver ce vieux pote entre That's the Way et Hats off to (Roy) Harper.

Hats Off to (Roy) Harper

Jusque-là Led Zeppelin, sympa, avait amené le blues faire un tour dans des bas fonds chicagoans reconstitués en couleurs et en odorama façon Disney Land (You Shook Me), ou carrément dans une capsule spatiale bricolo genre Spoutnik (I can't quit you baby). Ce coup-ci, il a droit à une séance de saut à l'élastique, et nous avec par la même occasion. On parlait plus haut des clichés du blues en open-tuning et en slide. Ici, Page et Plant, seuls maîtres à bord, se vautrent dedans, mais pour cette fois, on acceptera sans trop avoir à lutter de s'en délecter. Surtout qu'on ne peut pas réduire le jeu de Page, sur ce titre, à quelques plans piqués aux anciens: non, ce blues-là, déconstruit comme celui de Marc Ribot dans The Soul of A Man, prend des airs no-wave et surtout, ne repasse jamais deux fois au même endroit. Et ce ne sont plus des notes, là, ce sont des raclements, on n'entend pas d'accords mais plutôt des accrocs, et pas besoin de percussions, le terme de guitare "rythmique" prend ici tout son sens, quoique le rythme en question est quand même gentiment chaotique. Plant, lui, chante, enfin braille, avec moult effets naturels et surnaturels sur la voix, comme une chèvre victime de maltraitance. Bon, cela dit, à moins que je sois passé à côté, il me semble que malgré son excellente interprétation, cette chanson n'a pas tout à fait la même ampleur ni le même souffle que les morceaux qui clôturaient les deux premiers albums. Mais ce titre étant finalement aussi "rythmique" et bruitiste que l'Immigrant Song d'ouverture, c'est tout de même une façon remarquablement habile de boucler la boucle, et de démontrer une fois de plus que quelles que soient leurs armes, les Led Zeppelin savaient produire la musique la plus intense de leur époque.

Led Zeppelin

Led Zeppelin III

> Immigrant Song > Friends > Celebration Day > Since I've Been Loving You > Out on The Tiles > Gallows Pole > Tangerine > That's the Way > Bron Y Aur Stomp > Hats off to (Roy) Harper

Immigrant Song

Déjà, il faut savoir apprécier le clin d'oeil : l'album le plus bucolique et frais de Led Zeppelin, composé à la campagne, comme le rappellent les notes de pochette, s'ouvre par l'un des morceaux les plus furieux et extrémistes du groupe. Eloignez les enfants du poste, quand ces immigrants-là débarquent, ce n'est pas pour s'inviter à l'apéro chez les voisins, mais plutôt pour transformer leurs paisibles contrées en champs de cailloux. Précédés d'un bruit blanc qui laisse à peine le temps aux âmes sensibles de détaler, les cris de guerre suraigus et démultipliés d'une armée de Robert Plant très remontés annoncent la couleur, accompagnés d'un riff sur deux notes aussi mélodieux qu'un marteau-piqueur. Et par dessus tout ça arrivent de nulle part ces coups de tonnerre assénés par un guitare au trémolo monstrueux. Tout le monde aura reconnu le dieu Thor en personne (et pour un coup, l'inspirateur de la chanson est directement remercié dans les paroles). La voix de Plant fait froid dans le dos, elle passe de hurlements désormais pleinement maîtrisés à des grognements barbares, martèle à l'infini des paroles drapées dans un écho majestueux qui vient rappeler aux inconscients que toute résistance est inutile. Led Zeppelin avait déjà le gros son sur les albums précédents, mais maintenant qu'ils ont fait leurs preuves sur disque et au cours de leurs tournées incessantes, ils peuvent désormais prendre des poses de titans, et ce, sans qu'on ait la force de les trouver ridicules, en plus. Pas la peine d'attendre le solo, il n'y en aura pas ici, pas le temps. Tout juste aura-t-on droit, à la fin de cette très courte chanson, à quelques manifestations vocales dont on ne sait pas trop si elles sont les implorations des rescapés ou les cris démoniaques de divinités maléfiques rameutées par le bruit ou l'odeur. Et les versions live du titre, même amputées de toutes ces trouvailles de production, sont encore plus puissantes, le riff s'y trouvant généralement transformé en une machine de guerre encore plus redoutable, avec un son métallique et oppressant se prêtant particulièrement bien à ce genre d'agression sonore, et, ce coup-ci, des soli de guitare complètement dingues, et dont on ne peut pas franchement dire qu'ils ont été ajoutés pour faire joli. Enfin bref, sur ce titre, on peut penser que ceux qui avaient aimé se faire tabasser par Communication Breakdown ou Heartbreaker retrouvaient leur groupe en très grande forme...

Friends

Et le deuxième morceau de la face "électrique" du disque est un superbe morceau... acoustique. Il s'appelle Friends, mais n'a pas grand chose à voir avec les sympathiques nunuches de la série du même nom. Peut-être parce qu'on connaît la version enregistrée à Bombay avec des musiciens du cru, cette chanson évoque irrésistiblement l'Inde. Mais pas l'Inde vendue dans du carton recyclé chez Nature et Découverte, non, plutôt l'Inde mystérieuse qu'aurait pu visiter Tintin, avec son lot de mages, de fakirs le poignard entre les dents, d'espions britanniques et de détours de ruelles étroites et sombres. Le son de la guitare acoustique merveilleusement maltraitée par Page, dans la veine de Black Mountain Side, du mellotron, et des percussions pour une fois discrètes, se fondent à merveille les uns dans les autres pour créer une ambiance venimeuse, tendue et, à nouveau, particulièrement oppressante. On est à mille lieux au moins, du point de vue de l'atmosphère, de l'interprétation, des harmonies, du folk encore à la mode à ce moment-là, et représenté par Donovan et consorts. Et il paraît donc difficile de taxer le Zep d'opportunisme, sous prétexte qu'après avoir inventé un genre presque à eux tout seuls, ils ont décidé de mettre en avant leurs talents de musiciens acoustiques. Le chant de Plant est encore une fois splendide, douloureux, mélodieux, se muant par endroit en psalmodies vaudoues, belle prestation, comme disent les agents immobiliers. Et puis comme pas mal d'excellentes chansons du Zep, notamment sur ce disque, celle-ci s'accélère imperceptiblement, les attaques de guitare se font de plus en plus sèches, le grondement malsain des claviers s'accroît jusqu'à dominer le son, sans parler de ces choeurs de cérémonie secrète... Mais où est-ce qu'on est encore aller se fourrer?

Celebration Day

Peut-être ma chanson préférée du disque, débutant avec un riff de guitare slide absolument hallucinant, qui réinvente complètement l'exercice du jeu au bottleneck, généralement limité à un ou deux clichés blues (comment ça "comme sur In My Time Of Dying"?). L'effet est d'autant plus saisissant que le bourdonnement de la fin de Friends continue sur le début de Celebration Day [à cause d'une fausse manip en studio], ajoutant des nuances sombres à un riff plutôt jovial. Je n'ai aucune idée de l'accordage utilisé par Page ou de comment on peut essayer de reproduire la partie de guitare sur cette chanson, à tel point que je suis étourdi de voir que le groupe (et même les Black Crowes) ait pu réussir à retranscrire live toute cette folie douce. Impossible aussi de rattacher cette chanson à un courant musical précis: cette chanson c'est du Led Zeppelin, c'est tout, un ovni complet. Qu'est-ce qui est le plus impressionnant sur ce titre? La composition? Les multiples pistes de guitares aux sons divers, aux accordages divers aussi, sans doute, qui s'entrecroisent pour n'en faire qu'une, difforme, bouillante, tourbillonnante, l'une prenant parfois le pas sur les autres pour retourner se fondre dans la masse et laisser place à une autre? La subtile variété du jeu de Bohnam et Jones? Impossible aussi de dire de quoi parle cette chanson, je sais juste que c'est du pur bonheur musical, abstrait, si l'on veut, déconnecté du monde réel, ça ne parle pas d'amour, de guerre ou de politique, ça ne parle même pas de musique, C'EST de la musique, juste de la musique, d'une certaine façon. Celebration Day ne guérira donc pas les coeurs en peine, ne poussera pas les militants dans la rue. Mais a-t-on besoin d'amour, peut-on vraiment se soucier de son prochain, ou de quoi que ce soit, lorsque l'on a à portée d'oreilles ce genre de drogue dure? La chanson est parfaite de bout en bout, viande anglaise garantie 100% pur muscle, 0% de matière grasse, Plant a la banane, et le solo de Page, placé très fort dans le mix, et lui aussi tout sourire, est encore une fois un modèle de brièveté et de mélodicité. Attention toutefois, l'écoute prolongée de ce titre peut rendre sourd...

Led Zeppelin

Since I've Been Loving You

C'est peut-être à cause de ce morceau qu'il m'arrive d'éviter la première face de Led Zeppelin III. Non pas qu'il soit nul, au contraire, mais j'y retrouve, hélas pour moi, certains travers qui ternissaient un peu les blues du premier album. Puisque c'est bien de blues qu'il s'agit, celui-ci appartenant à un fameux sous-genre apprécié des amateurs de sensations fortes : le blues zeppelinien. Ce qui suppose, pour le meilleur et pour le pire : un chanteur visiblement très sain de corps et d'esprit mais qui a décidé de nous convaincre qu'il est au bout du rouleau, avec force cris et autres pleurs simulés, une batterie qui cogne si fort que là, c'en est presque douloureux, un peu d'orgue si possible, et une guitare immanquablement bavarde qui se plaît à passer sans crier gare d'une série de petits chuitements charmants à une furie de notes jouées en cascade avec l'énergie du désespoir. Cela dit, ici, les influences blues - un peu pesantes sur le premier album - sont un peu mieux digérées, et rien que les cinq notes d'ouverture à la guitare sont particulièrement mémorables, pour ne pas dire légendaires. Et puis si je n'aime pas tellement l'esprit de la chanson, je dois admettre que la forme a tout de même une certaine tenue. Le son ici est très organique, d'ailleurs, je crois bien que le morceau est une prise live, et si retouches il y a, elles sont particulièrement discrètes, l'ensemble étant particulièrement dynamique et bien joué. J'émettrai une réserve sur la batterie de Bonham que je trouve, pour une fois, un peu lourdaude pour l'exercice. Celui qui s'en sort le mieux, c'est John Paul Jones, à l'orgue, où décidément, sans tapage, il excelle à installer des climats musicaux qui servent toujours la chanson. Le secret de sa réussite, sur cette chanson, est que toute la violence et la tristesse de son jeu sont contenues, d'un bout à l'autre, alors qu'il pourrait partir, tels les trois autres, dans une escalade d'intensité (sonore) comme Jon Lord, par exemple, sait si bien en produire. Si Jimmy Page avait pu avoir le même sens du sous-entendu (comme sur le titre Blue Train du Walking Into Clarksdale de Page et Plant), ce titre serait peut-être le chef d'oeuvre du groupe. Mais l'effet de dynamique faible/fort, doux/dur, semble faire partie du génôme de la chanson, alors il faut accepter et apprendre à apprécier ce solo long, rapide, mélodramatique à outrance, plein de bends censés nous tirer des larmes, ces breaks à répétition, et toute l'artillerie. Mais pourquoi irait-on se lamenter avec Plant, qui trépigne et hurle à qui veut bien l'entendre qu'il travaille dur de 7h à 11h tous les soirs? C'est pas pour dire, mais il est encore loin des 35 heures... Cela dit, peut-on vraiment croire qu'un groupe qui produit des chansons aussi impressionnantes et magnifiquement interprétées, quelles que soient les réserves qu'on peut émettre dessus, ne travaille que 4h par jour?

Out on The Tiles

Allez, finissons la face 1 en beauté avec cette chanson agréable, très typique du Zep dans le style mais plutôt mineure dans sa discographie. Le genre de chansons reposant entièrement sur leur riff (un autre exemple plus connu étant Smoke On The Water de Deep Purple, la chanson en elle-même n'ayant rien de vraiment génial). Le riff en question est, paraît-il, directement inspiré des roulements de batterie de Bonham que l'on peut entendre en arrière-plan. Le couplet est plutôt faible, avec ce petit motif répétitif à la guitare qui devient presque saoûlant quand on l'entend revenir sans avoir changé d'un pouce après le premier refrain. Comme sur le titre précédent, le son est brut, sans fioritures, assez monolithique aussi. Seul Plant a droit à un petit traitement de faveur. Même la vraie vedette de la chanson, John Bonham, qui fait un joli petit show sans avoir l'air d'y toucher et nous offre une ou deux jolies petites incongruités rythmiques, reste relativement dans l'ombre. Le refrain est sympa, il est même très bien, mais il donne un peu l'impression de venir de nulle part. Quant au fameux riff, plutôt efficace lui aussi, il sera avantageusement recyclé en intro de Black Dog, en concert, permettant l'air de rien à Robert Plant de trouver sa note. Bon, pas de panique, de toute façon, le meilleur de Led Zep III reste à venir.