Silver Mount Zion Memorial Orchestra & Tralala Band, L'Autre Canal, 24 avril 2007
Par Pierre le dimanche 14 septembre 2008, 16:56 - Concerts - Lien permanent
Mon premier vrai concert à l'autre canal, et surtout une bonne claque comme on n'en prend pas si souvent.
1ère partie, aMute & the Seahorse Band, de Bruxelles, comme d'habitude, à peu près les mêmes que ceux d'après, mais en moins bien, les mêmes moins la fougue, moins la grâce, moins la folie. Premier morceau ultra étiré, post rock aussi prévisible qu'une deuxième partie de soirée dominicale sur M6, début platement éthéré, puis montée en puissance mécanique qui nous laisse en plan tout en bas, et puisqu'il faut bien s'occuper, on compte machinalement les chauves (environ six) et les clones de Steve Albini présents dans la salle (que trois, dont un qui a dégotté exactement les mêmes lunettes). On se demande aussi si le jour, le mec aux guitares et claviers est plutôt militant UMP ou plutôt fan de Ian Curtis...? Encore quelques minutes passées à contempler le bassiste, sosie improbable du guitariste de Toto (maintenant, pas à l'époque où il sortait avec Rosanna Arquette) et/ou de Jean-Claude Dreyfus (le type des pubs pour les plats cuisinés Marie). Déjà vu, comme disent les Américains. Heureusement, les choses ne resteront pas en l'état, aMute dégainant bien vite une série de morceaux plus rapides, efficaces et entraînants, à défaut d'être géniaux. aMute retient aussi l'attention par son goût du gadget, visuel et sonore. Visuel, ce sont les petites vidéos qui accompagnent les morceaux, séquences très génériques en noir et blanc ou scènes de nature déjà vues cent fois, hélas, à d'autres concerts et surtout sur les chaînes documentaires pour seniors sur le câble. Sonore, c'est tout leur attirail d'échantillons et de pédales d'effets, qui apportent un relief intéressant à l'ensemble et relancent quand il le faut les compos plutôt classiques du groupe. Et au final, un concert pas si mal, on est qui d'abord pour toujours critiquer tous ces petits jeunes qui s'efforcent vaillamment de pousser un peu plus chaque soir à l'ombre des très grands?
Evidemment, Silver Mount Machin, c'est autre chose. Ils jouent strictement les trois mêmes notes qu'aMute, mais sous les doigts d'Efrim et de ses six camarades, celles-ci se chargent d'une mélancolie poisseuse qui nous traverse et nous transporte d'emblée, car comme chacun le sait désormais, ce groupe est un grand groupe, de scène notamment. Alors que je me souviens avoir pensé, un quart d'heure avant, que le rock d'aMute manquait singulièrement de blues - pensée un peu bête, parce que ce n'était pas du tout dans le cahier des charges - c'est précisément par un blues, tortueux et distordu, que le concert de Silver Mount Zion a commencé, complètement dans l'esprit (frappeur) du Voodoo Chile d'Hendrix (celui qui fait 15 minutes), mais avec quarante ans de musique en plus dans les dents, parce que ces types-là (quatre mecs et trois filles en fait) jouent bel et bien le rock de 2007, sans avoir l'air de se demander si la mode est à la raie à droite ou au milieu, si le blues est noir, blanc ou mort, des musiciens, quoi. Je dis rock de 2007 parce que clairement, c'en est, du genre à vous faire hocher la tête en rythme et bouger les popotins des filles (car dans la salle aussi, la parité était presque respectée). Que des riffs aussi neufs sachent si directement parler à nos corps en dit quand même long sur la vivacité d'un style qui n'a pas besoin de se faire appeler néo-truc ou post-machin pour continuer d'exister. Des riffs évidents, mais pas que, A Silver Mount Zion, c'est une combinaison - souvent imitée (cf. supra) mais rarement égalée (...) - de logique pop irrésistible et de musique rituelle d'un autre monde (sans sonner comme Deep Forest évidemment), de puissance électrique brute et d'arrangements de cordes somptueux (mais rien à voir avec Metallica en version symphonique hein), une combinaison qui ne tourne presque jamais à la formule, même si je n'ai pas été tout à fait aussi ébahi cette fois-ci que la première fois que je les ai entendus, il y a trois ou quatre ans. Un show intense et sans baisse de régime, donc, toujours aussi parfait techniquement, Efrim et ses acolytes sachant toujours très bien jusqu'où ils peuvent déraper. Mine de rien, un superbe moment de musique.