Voici un petit bout du compte-rendu que j'ai posté sur un autre forum, concernant la journée de samedi au "Festival des Granges" de Laimont, dans la Meuse, avec Monsieur Whitley en vedette américaine... Sans autre prétention que de tâcher d'en faire vivre quelques petits bouts par procuration à ceux qui auraient aimé y être... :-) "(...)jusque vers 21h00, on ne savait pas encore si les grands concerts du soir, prévus dans un pré, pourraient avoir lieu. Les organisateurs, amateurs dans le bon sens du terme, ont même envisagé de rapatrier les quelques festivaliers rescapés du déluge dans la salle des fêtes pour y monter des petits concerts intimistes avec les artistes au lieu du mini-woodstock prévu. Pendant cette attente, j'ai eu l'occasion de voir de près à quel point les excès avaient rendu Chris Whitley progressivement méconnaissable, maigre comme un clou, un corps de vieillard, les traits fripés, les yeux exorbités (*) . Mais le gars impressionne toujours quand même, quelle présence malgré tout! Hier soir, avec son marcel et sa gomina, on aurait cru un hipster sorti d'un livre de Kerouac... Je vous ai pas ramené d'autographe, je lui ai pas dit non plus à quel point ses disques étaient importants pour moi, et que depuis dix ans j'attendais de pouvoir le voir en concert... J'aurais dû? Tout le monde migre donc vers la grande scène, dans la boue, comme prévu. Quand Whitley et ses deux musiciens montent tout le matos, personne ne bronche. Mais en quelques secondes, ils mettent tout le monde d'accord, avec un New Lost World beaucoup plus puissant que la version subtile et grisailleuse de l'album Hotel Vast Horizon. La plupart des titres provenaient des deux derniers disques, Hotel Vast Horizon et Rocket House, et tous ont gagné un relief inédit, et certains morceaux a priori mineurs, bizarrement inclus dans la setlist, ont alors atteint le même niveau d'intensité et d'excellence que les demi-tubes comme Living With the Law. Beaucoup de temps passé à s'accorder entre les morceaux, mais un set très carré, techniquement parfait. Mention spéciale pour le batteur, un grand type dégingandé au jeu félin, qui fond avec une grande facilité le jazz, la drum'n'bass, le rock, jusqu'au hip-hop, sans jamais être démonstratif. Whitley aussi était au top de son jeu de guitare, à la fois familier et toujours surprenant, prenant le temps de se ménager de petits espaces pour improviser, en tombant toujours juste. Très en voix aussi, et finalement d'assez bonne humeur, content de revoir le pays de Paul Eluard (qu'il a brièvement cité au milieu de la chanson "Hotel Vast Horizon"). On a aussi eu droit à deux inédits de haute volée, que j'ai hâte d'entendre sur album, et à des versions totalement réarrangées et excellentes de morceaux déjà connus. Ce qui frappe aussi, c'est l'homogénéité de l'ensemble (malgré la diversité des morceaux) et la grande maîtrise qui s'en dégage, un peu comme, je sais pas moi, un bon concert de Led Zep. Une heure et quart parfaite et sans temps mort, même lorsque Chris s'accorde entre les morceaux, on a l'impression qu'il se passe quelque chose. Un des tout meilleurs concerts auxquels j'ai eu l'occasion d'assister, en tout cas, au cours de ma courte existence."

(*) sensiblement la même allure fantomatique que sur les pochettes de Perfect Day ou Weed.

Chris Whitley à l'époque de l'album Hotel Vast Horizon: